Un premier saumon à la microcentrale de Roanne, sur la Loire : l’espoir renaît pour le retour des migrateurs sur la Loire amo
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Un saumon sauvage de près d’un mètre a été observé, le 3 mai 2012 dans l’échelle à migrateurs de la microcentrale de Roanne. Ce poisson est le premier à revenir dans la Loire amont depuis la construction du barrage EDF de Grangent (1957) qui avait totalement bloqué ses migrations. L’installation, entre juillet 2010 et mars 2012, d’une microcentrale de 6 MW sur le barrage de navigation de Roanne (1909) a été accompagnée, conformément à la règlementation, de l’édification de deux échelles à migrateurs. Quelques semaines après sa mise en route, le passage de ce premier poisson ouvre tous les espoirs de reconquête écologique de la Loire amont.
Un tel retour est, pour les acteurs impliqués depuis des décennies dans la protection de la Loire sauvage et de ses populations de migrateurs, une nouvelle extraordinaire. Il symbolise la capacité de notre pays, s’il s’en donne les moyens, à restaurer sa biodiversité. Il illustre le fait que, si nous restaurons la continuité écologique des fleuves, les migrateurs reviennent. Il montre que, quand les acteurs coopèrent, il est possible de concilier production d’électricité renouvelable et retour des migrateurs, au fondement de la « Convention pour une hydroélectricité durable » signée entre ONG, hydroélectriciens, élus et Etat en juin 2010, dans le cadre du Grenelle de l’environnement. Enfin, il stimule la mise en œuvre de la « Stratégie Nationale des Poissons Migrateurs » de 2010 : il faut « réouvrir les fleuves », sur tous les bassins.
> Un sauvetage in extremis grâce au Plan Loire Grandeur Nature.
Le saumon atlantique (Salmo salar) de l’axe Loire-Allier est le dernier saumon de longue migration en Europe. Il naît dans le Haut-Allier, seul affluent accessible du fait de l’absence de barrages, hormis celui de Poutès, bientôt effacé. Après deux à trois années en eau douce, il rejoint l’Océan pour quelques années. Adulte, il retourne se reproduire dans les eaux de sa naissance. Cet animal magnifique a failli disparaître au début des années 90, avec la présence de trop de barrages : sur une population estimée à 100 000 individus au XVIII éme siècle, il ne subsistait qu’une centaine de poissons. Le « Plan Loire Grandeur Nature », lancé en 1994, a permis l’effacement de divers barrages, la construction de passes, l’arrêt de la pêche, le soutien des populations avec le « Conservatoire National du Saumon Sauvage » de Chanteuges et donc de sortir le saumon de l’abîme. Cette année, 784 poissons ont déjà franchi la passe de Vichy.
> Le saumon à Serre de la Fare !
Ce retour est un signal pour enfin lancer, entre tous les acteurs (Etablissement Public Loire, Agence de l’Eau Loire Bretagne, Dreal de bassin, DDT de la Loire, Onema, collectivités et hydroélectriciens et ONG) une stratégie pour le retour des saumons et des autres migrateurs (aloses, lamproies, anguilles) sur la Loire amont, depuis le barrage de Villerest (1983) jusqu’à Serre de la Fare, en Haute Loire. Les gorges sauvées suite à la mobilisation de Loire Vivante doivent un jour revoir les saumons ! Il faut sans tarder lancer le travail de recherche, avec un horizon d’une dizaine d’années, mobiliser compétences, énergies, ressources pour ramener les saumons sur la Loire amont et développer ainsi l’attractivité du territoire.
Au moment où se précisent les menaces sur la Semène, une des rares rivières libres du département de la Loire, menacée par le projet de barrage des Plats, ce saumon nous invite à croire qu’il est possible de retrouver un équilibre trop longtemps négligé entre l’homme et les fleuves.
communiqué WWF France