Article de la Dépêche ce jour :
Au printemps, les eaux de la Garonne profitent de la fonte des neiges et aussi de la pollution qui augmente le long de ses affluents en période de crues. Métolachlore, une molécule chimique ; isoproturon, un herbicide ; atrazine, un autre dérivé de la même famille… Tels sont les trois principaux pesticides recensés par les écotoxicologues d'Ecolab (Laboratoire d'écologie fonctionnelle) qui surveillent les bassins versants de la Garonne en toutes saisons.
« À la fin de l'hiver, il arrive fréquemment que les taux de pesticide soient multipliés par dix, voire par cent pour certaines molécules, avec la montée des eaux », constate Éric Pinelli, de l'Ensat, en ajoutant : « En général cette pollution chimique provient de l'agriculture, surtout dans les zones de maïs. Elle a aussi pour origine le désherbant du gazon du particulier ou les produits utilisés dans les jardins publics ».
Pour analyser cette hausse de la contamination saisonnière, et comprendre son impact sur la biodiversité, les chercheurs toulousains effectuent depuis 2004 certaines expériences au printemps. « En substance, il s'agit de vérifier les éventuelles modifications génétiques des poissons qui séjournent dans des eaux surdosées en molécules de toutes sortes. Mais les effets nocifs de la pollution chimique sur la faune et la flore ne sont pas probants », observe le chercheur du CNRS qui poursuit : « Contrairement aux idées reçues, on s'aperçoit que le poisson ne déserte pas forcément les rivières à cause des pesticides. En tout cas pas uniquement. L'aménagement excessif des cours d'eau joue un rôle clé car il détruit ou fragilise les écosystèmes ».
Toujours selon lui, la Garonne reste quoi qu'il en soit un fleuve « en bonne santé, car son lit a été très peu raclé, et ses rives laissées en bonne partie à l'état naturel ». Le gèbre huppé, oiseau des zones humides, niche toujours sur la Garonne, et témoigne de la vie du fleuve. À l'inverse, ce cousin du héron a disparu dans certaines régions des États-Unis, après la guerre. « C'était une époque où il fallait nourrir les populations », rappelle Éric Pinelli en évoquant l'usage du dichlorodiphényltricloroéthane, plus connu sous le nom de DDT.Hier, d'autres chercheurs spécialisés dans la toxicologie alimentaire ou la santé ont abordé avec lui à la Médiathèque cette question complexe et sensible : « Notre environnement quotidien : un mal invisible ? »
Et la radioactivité ?
Il y a un peu plus d'un an, la présence d'iode 1 31 dans les eaux de la Garonne a suscité des inquiétudes et la mobilisation des associations écologistes. En effet, en plein été, une série de relevés effectués par l'association les Amis de la Terre a révélé un taux de radioactivité anormalement élevé à hauteur de la station d'épuration de Ginestous, à l'endroit où la station rejette les eaux usées de la ville de Toulouse. Des plantes aquatiques ont été prélevées sur place et transmises pour analyse au laboratoire de la Criirad (commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité).
Cet organisme a décelé la présence diode 1 31, un élément radioactif qui n'existe pas à l'état naturel. L'iode 131 est utilisé dans l'imagerie médicale ou le traitement des cancers de la thyroïde. Ces résidus d'iode 131 proviendraient des rejets des établissements hospitaliers et le Grand Toulouse devait interpeller les services de l'État pour mettre en place des dispositifs de surveillance nécessaires et vérifier les conditions de rejet en amont de la station d'épuration. L'iode 131 émis lors des accidents nucléaires pose problème car la thyroïde fixe une grande partie de l'iode absorbé via l'eau, l'alimentation ou par inhalation.
Et tous les fleuves et rivières côtières vont au final ou ... ?[i]